ÉTAT DE L’ART (PRATIQUE MUSICALE)
Christian Marclay est un plasticien, performeur, improvisateur et compositeur né aux États-Unis en
1955. Son oeuvre se situe à la frontière de la performance et des arts plastiques. Il s’est particulièrement intéressé aux relations entre les sons et les images (Marclay, 2000). Depuis la fin des années soixante-dix, une grande partie de son travail explore le détournement des platines et des disques vinyles, qu’il transforme en instruments d’expression musicale. Sa démarche, très différente des pratiques populaires, l’a
conduit à s’investir dans l’improvisation collective avec des instrumentistes d’origines diverses. Sa reconnaissance et son influence internationales n’ont cessé de se développer depuis de nombreuses années.
ÉTAT DE L’ART (MUSICOLOGIE)
La plupart des nombreux ouvrages généraux ou catalogues mentionnant ou se concentrant sur le travail artistique de Christian Marclay ont été écrits par des spécialistes des arts plastiques (Criqui, 2007 ; Ferguson, 2003 ; Gonzáles et al., 2005). L’artiste lui-même a collaboré à des textes parus dans divers ouvrages ou revues (Marclay, 2000). Cependant, l’engagement de l’artiste dans la sphère musicale a suscité, ces dernières années, l’intérêt des musicologues. Jean-Yves Bosseur a publié un important article sur Marclay dans son dernier livre (Bosseur, 2008). Enfin, un ouvrage important sur l’artiste est sur le point de paraître, faisant suite à la journée d’étude Phonophilia : l’art à l’épreuve des sons qui s’est tenue à l’Université Rennes 2 en 2008. Cette publication comprendra un article consacré à la diversité des pratiques musicales de Marclay (Bossis, Dufeu, 2009). Cependant, aucune étude ne s’est précisément attachée à
l’instrumentalisation du support sonore chez Marclay.
OBJECTIFS
Le but de notre proposition est l’examen de la pratique instrumentale de Christian Marclay, centrée sur les relations entre disque, platine, son enregistré et production musicale. L’étude des utilisations remarquables des supports de son et particulièrement des disques vinyles comme instruments à part entière peut s’appuyer sur l’analyse de l’enregistrement des performances de l’artiste. Elle mettra en évidence l’originalité des détournements de ces objets, des gestes instrumentaux qui leur sont associés et de
l’esthétique qui en résulte. Le travail sur le timbre, la préparation de l’objet lui-même et les techniques instrumentales de Marclay sont très éloignés des utilisations habituellement opérées par les DJs. Cet article montrera comment l’artiste a développé une pratique musicale très personnelle, fortement influencée par Fluxus et les oeuvres de Nam June Paik ou de John Cage. La performance artistique se nourrit d’une
instrumentalité renouvelée au travers d’une large expérience de l’improvisation.
CONTRIBUTION PRINCIPALE
Le contributeur central de cette recherche est sans conteste Christian Marclay lui-même, dont le regard permet de témoigner directement de ses intentions artistiques. Les musicologues associés à l’artiste pour cet article appartiennent aux laboratoires MIAC (Musique et Image : Analyse et Création) de l’Université Rennes 2 et MINT (Musique, Informatique et Nouvelles Technologies) de l’Université Paris-Sorbonne. Le premier centre de recherche interroge les relations entre arts visuels et pratiques musicales au sein de la
création contemporaine ; le second étudie l’intervention des technologies dans la musique, notamment l’histoire de la lutherie électronique et ses conséquences esthétiques.
RETOMBÉES
Dans cette recherche, production artistique, performance et musicologie sont étroitement liées. Ce travail à la croisée de différents domaines permet non seulement d’éclairer une instrumentalité encore trop peu étudiée en profondeur, celle qui agit à même le son enregistré par l’intermédiaire d’interfaces gestuelles détournées, mais aussi de poser la question de la méthodologie à adopter lorsque l’interdisciplinarité est mise en jeu. Tout en complétant des réflexions théoriques sur l’improvisation (Levaillant, 1996 ; Rivest,
2003 ; Siron, 2007), cet article pourra ainsi montrer l’avancée des recherches en musicologie sur l’art de la performance à partir des productions, du vécu et de la pensée de l’un des grands plasticiens-performeurs de notre temps.
Christian Marclay is an artist and musician whose work explores the intersection between visual art and sound. He is well known for his work in a wide range of media, including sculpture, video, collage, photography, and music. For almost 30 years, Marclay has been engaged in an exploration of the visual and the audible, and creates
work in which these two distinct sensibilities enrich and challenge each other. Marclay has pioneered an experimental use of records and turntables in performances since the late 1970s, while engaged in collective improvisation with many instrumentalists from very diverse backgrounds.
Most of the writing on Marclay is by visual arts historians (Criqui, 2007; Ferguson 2003, Gonzáles et al., 2005).
The artist’s own writing is rare and mostly published in the form of interviews published in various journals or books (Marclay, 2000, 2003). Lately the interest of musicologists for Marclay has been growing (Bosseur, 2008 ; Bossis, Dufeu, 2009). However, until now, no study has specifically focused on Marclay’s sound production. The aim of our proposal is to focus on Christian Marclay’s instrumental practice, especially his relationship to vinyl records, turntable manipulations, and recording. This study will highlight the originality of Marclay’s
misappropriation of the recording medium, the instrumental gestures associated with it, and the aesthetic results. This study will show how the artist has developed a very personal music, strongly influenced by Fluxus and Cage, if less so by pop deejays, and how influential his practice has been.
At the center of this study will undoubtedly be Christian Marclay himself, who will describe his artistic practice, while assisted by musicologists from MIAC (Music and Image: Analysis and Creation) from Rennes, and MINT
(Music, Computer Science and New Technologies) from Paris-Sorbonne, two laboratories of musicology researches. In this study, artistic production, performance and music are closely linked, highlighting a new sort of instrumentality and questioning the methodology of this approach.
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